Reprise des cours, aujourd'hui, sous ce temps gris. J'ai eu l'impression d'une rentrée du mois d'octobre, quand tout est fatigué autour de moi, quand la terre semble se délayer peu à peu dans le ciel si bas. Moi je m'en fiche, j'aime toutes les saisons, aussi pourries soient-elles, mais les autres grognent. Pour grogner surtout.

Dans notre petit amphi, les cours se déroulent souvent comme une course en apné. Par vague, nous reprenons notre respiration et étirons notre main active avant de replonger vers nos feuilles, suspendus aux lèvres du prof.

Je mange avec les filles, à midi. On caquette, on se donne des coups de becs, on rit beaucoup, surtout, au milieu du restau U. Le vrombissement des cuisines et les conversations ambiantes couvrent nos débats acides et nos propos stupides d'étudiants badins envers leurs profs. Parce que les profs, il n'ont qu'à bien se tenir. On se moque des braguettes ouvertes, des halètements dans les micros, des blagues qui tombent à plat. Plus sérieusement, on remarque qu'ils ne sont pas toujours d'accord entre eux à propos de certains détails. L'Egypte, propriété personnelle de l'empereur romain, oui ou non ? Mieux vaut se fier au futur correcteur, tout le monde en convient, mais le doute me pique tout de même.

Parfois j'en ai assez, de ces conversations, toujours les mêmes. Je vais me réfugier à la bibliothèque pour relire le cours magistral de la matinée. Je tourne toujours autour des deux mêmes rayons d'histoire, mais j'aimerais trouver le temps d'aller picorer dans celui de littérature ou de philo. C'est que j'ai drôlement hésité, avant de m'inscrire en section d'histoire. Non non, je ne suis pas déçue, ça non ! Mais il y a tant d'autres matières délicieuses... On dit que tout choix implique un renoncement. Moi je n'aime pas trop cette idée de capitulation, même si je sais qu'on ne peut pas tout faire à la fois. C'est que tout de même, la littérature me manque...